Berceau de l'Empire, Rome surplombe la mer de Nacre depuis les hauteurs sur lesquelles elle a été bâtie. Originairement village blotti au creux d'une couronne de collines, la ville a grignoté peu à peu cette surface. À l'instar de la famille royale, les plus riches se sont approprié ses sommets et ont pavé leurs allées, laissant au reste de la population les zones plus basses de la ville et sa poussière salissante, systématiquement inondées lorsque le ciel se couvre de nuages épais.

Les monuments les plus emblématiques, symboles de la puissance de Rome, sont taillés dans le marbre. Certaines villas des patriciens les plus fortunés ont aussi favorisé cette pierre froide et pâle que le soleil peine à tiédir. Les bas quartiers prisent des matériaux moins onéreux tels que le bois ou la brique rouge. Les logements s'élèvent souvent sur trois étages afin de rentabiliser un espace de plus en plus rare. Pour les mêmes raisons, les toits de ces bâtiments trouvent leur utilité, les habitants en profitant pour faire fructifier des potagers, monter des appentis en bois pour les artisans ou simplement pour profiter d'un lieu ombragé à l'abri de l'ardeur bruyante de Rome.

La capitale est quadrillée par des réseaux de ruelles étroites ne suivant aucun schéma logique et rendant impossible la circulation des voitures attelées dont les romains se servent pour voyager en dehors de la ville. Désireux de se tenir à l'écart de la saleté et de la populace grouillante, les nobles préfèrent ainsi se déplacer en litière ou en siège mobile, portés par des esclaves. La sécurité est assurée par les passages fréquents des gardes, de jour comme de nuit.

En permanence en travaux pour embellir et rénover, la ville bourdonne dans un bruit permanent qui ne cesse que la nuit. Mais loin de tomber dans un sommeil apaisé, Rome se tourne vers ses activités nocturnes. Les tavernes s'illuminent, les paris s'accumulent, les chants résonnent, les lupanars attirent les travailleurs du jour, et les fêtes battent leur plein. Le Cirque lui-même connaît quelques jeux nocturnes à la lueur des vasques enflammées.


Quelques lieux spécifiques des hauts quartiers :

✦ L'Alvador : Palais où réside la famille impériale et ses cohortes de serviteurs et d'esclaves. Il se situe au cœur de jardins dont la moitié est ouverte au public.

✦ Le Panthéon : Le plus gros temple de la capitale, de forme ovale et soutenu par de nombreuses colonnades, il abrite les statues et les autels de tous les Dieux vénérés. C'est un lieu privilégié pour les cérémonies religieuses les plus importantes. À l'entrée du bâtiment s'élève un mur sacré, où brûlent des feux que personne n'a allumés, dans de petites soucoupes en terre cuite. Chacune d'elles symbolise une divinité. Il n'est pas rare de voir des gens prier devant ces dernières : la croyance populaire veut que si l'une d'elles venait à s'éteindre, un cataclysme sans précédent s'abattrait sur l'Empire. Les Vestales vivent dans une dépendance jouxtant le Panthéon.

✦ La Chambre du Silence : Bâtiment de marbre d'une relative simplicité, c'est l'endroit où tout un chacun vient confier ses tracas aux Vestales. À l'intérieur règne une ambiance feutrée, à laquelle contribuent de longs rideaux en soie et des chandelles blanches. Les voiles dissimulent une succession de petites salles, dédiées à l'apaisement du cœur et de l'esprit, où la confidentialité est garantie. Au centre de la Chambre se trouve un chaudron d'un noir de jais, où infuse en permanence le thé réservé aux cérémonies d'importance. S'il dégage des effluves envoûtants, y boire est passible d'exécution. Toutefois, les Vestales partagent parfois leur art avec les visiteurs, leur offrant le thé dont ils ont véritablement besoin. On peut y trouver une oreille attentive à toute heure.

✦ La Caserne : Long rectangle de sable bordé de bâtisses de pierre pâle, c'est le lieu de vie des gardes de la capitale, là qu'ils dorment, s'entraînent, mangent ou viennent se retrouver, bien qu'ils préfèrent se mêler à la population dans les tavernes en dehors de leurs heures de service.

✦ Le Forum Mythien : Cette large esplanade carrée est le cœur de la capitale. C'est là que se trouvent le tribunal, le Sénat et la haute tour de la librairie. En son centre, sur une large estrade de marbre, sont proclamées les déclarations officielles. Les têtes pensantes de Rome aiment y tenir des débats entre eux, bien que tout un chacun puisse y participer.

✦ Le Cirque Parélion : Creusée dans une colline, cette longue fosse au diamètre démesuré a été conçue dans l'esprit d'un amphithéâtre. Le Parélion accueille divers divertissements, allant des courses de chars aux combats de gladiateurs. Les romains aiment aussi s'y rendre pour assister aux reproductions des batailles mémorables de l'Empire ou assister à des spectacles ou des compétitions sportives. Des gradins ont été taillés dans la roche tout autour du Cirque, les étages les plus bas et les plus proches de l'arène étant réservés à l'élite de Rome afin qu'ils profitent de la meilleure vue sur la fosse. En plus de la loge impériale, d'autres loges sont réservées aux familles les plus influentes. Lors des Jeux du Cirque, les Paréliades, des vivres sont distribués gratuitement au peuple et des loteries sont organisées pour favoriser les plus chanceux avec des récompenses variées.

✦ L'Académie Acalanthis : Rome s'enorgueillit des esprits forgés en son sein, et pour les affûter, a bâti l'Acalanthis, une bâtisse labyrinthique alternant salles fermées et d'autres à ciel ouvert, garnies de jardins. Loin d'adopter une signature sobre, ses ornements sont riches, en surnombre diraient certains, afin de refléter l'amas de connaissances qui doivent se fructifier dans les têtes les mieux faites de Rome. S'y déroulent des conférences, des groupes de recherche, des départements dédiés aux sciences, les cours quotidiens d'élèves de tout âge. Il n'y a pas de cursus spécifique par âge, ni d'obligation d'apprentissage. Chaque citoyen souhaitant apprendre y est le bienvenu, quel que soit son âge, son passé ou son niveau.

Quelques lieux spécifiques des bas quartiers :

✦ La Loge : C'est une taverne fréquentée par de nombreux acteurs. Les plus audacieux n'hésitent pas à interagir avec le public, transformant toute la salle en scène. Elle est aussi connue pour son estrade, où des artistes de tous bords viennent se produire dans l'espoir de se faire remarquer. La rumeur veut que des mécènes de la haute société s'y rendent en toute discrétion pour recruter les futures étoiles de la ville.

✦ L'Ossuaire [Leteas] : Pensé et bâti par un petit groupe obscur aux membres disparates, cet ossuaire situé en périphérie de la ville à l'opposé de la côte afin de protéger les os des embruns est un monument en constante construction. Ces hommes et ces femmes récoltent les dépouilles après que les Vestales aient terminé leur office funéraire et après toute une série d'étapes préliminaires, ils conservent les os, nettoyés et enduits d'onguents conservateurs et s'en servent pour faire grandir l'Ossuaire. L'architecture prend l'aspect d'un temple, afin que chacun puisse venir visiter ce lieu porteur de nombreuses croyances. Il est entièrement et uniquement constitué d'os, chaque colonne, chaque arcade, le toit, tout n'est qu'un assemblage complexe crayeux de fémurs et le sol lui-même, souple sous le pied, est constitué de poudre d'ossements.

✦ Le Forum des esclaves : C'est là que se déroulent les ventes aux enchères d'esclaves. Loin de leurs conditions de vie souvent misérables, ils y sont présentés sous leur meilleur jour. Ainsi, la plupart sont propres, coiffés et habillés avec simplicité, sans marque visible de maltraitance. Par un code de gestes savamment étudiés, les trafiquants indiquent à leur marchandise quel comportement adopter, et gare à celui qui se trompe ou refuse d'obtempérer... En cas de désobéissance, la punition est toujours exécutée en public. À l'arrière du forum se trouvent les quartiers des esclaves, des bâtiments parfois en ruines où ils vivent et dorment les uns sur les autres, se battant pour le moindre bout de pain. Ceux qui ne suscitent aucun intérêt lors de leur première présentation au forum y sont abandonnés à leur sort, ou envoyés au Cirque. Certains trafiquants ont pour habitude de spécialiser leur marchandise dans un domaine, ne proposant ainsi que peu d'esclaves, mais d'une grande valeur.

✦ Le Port d'Erodia : Ses quais s'étendent sur tout le flanc de la capitale exposée à la mer de Nacre avec la flotte militaire au nord, toujours en construction, et la partie commerciale, couvrant la quasi totalité du port. Le poisson s'y vend à la criée, à l'exception des variétés les plus prestigieuses, disposées dans une grande halle de bois. Les murs y sont couverts de dessins de tempêtes et de monstres marins. Quelques cuisiniers y exercent leur art, offrant à leurs clients des délices de première fraîcheur. Enfin, bercée par les vagues au bord d'une petite langue de terre, on trouve la Capitainerie. Vaste bâtiment de pierre, il s'agit de la taverne la plus célèbre des environs. En journée, de jeunes mousses en quête d'aventure viennent rencontrer leurs futurs employeurs. Le soir venu, c'est une ambiance de célébration qui s'installe : les marins fêtent leur retour à terre, se gorgeant des plaisirs dont la mer les prive, fût-ce pour un jour ou un mois. Les curieux peuvent venir y écouter leurs récits et frissonner devant la puissance des éléments, mais y trouver une place n'est pas chose aisée. Les capitaines les plus talentueux possèdent une pièce au dernier étage, qu'ils peuvent aménager à leur guise.

✦ Les Thermes Lyra : Lieu d'échange, il est séparé en trois parties : celle réservée aux hommes, une autre aux femmes, et une dernière mixte, au milieu. Des mosaïques décorent les Thermes, affichant et des lyres et d'autres instruments de musique. L'endroit est particulièrement fréquenté en fin de journée.

✦ L'Echo : Ce théâtre de taille intimiste est prisé par les romains, les spectateurs comme les acteurs. On prédit souvent à ceux qui s'y produisent un avenir illustre. Si les billets s'y vendent à prix d'or, quelques places sont toujours réservées aux citoyens les plus modestes. Il doit son nom au dôme de verre taillé juste au-dessus de la scène, sur lequel les déclamations se répercutent avec force, amplifiant ainsi la voix des acteurs.