La Basse-Province désigne l’ensemble des territoires ruraux de l’Empire, qui s’étendent depuis la vallée fertile qui borde la capitale jusqu’aux frontières de la nation.
Composée de vastes zones agricoles et de quelques bois d'une taille bien moindre que les forêts d'Efisios, la campagne couvre environ un tiers du territoire de l'Empire. Grâce à un ingénieux système de calendrier, les cultures s’y succèdent en toute saison, bien qu’un peu moins nombreuses en hiver. On y fait pousser une grande variété de semences et de baies, et la plupart des champs voient s’épanouir plusieurs espèces végétales. En revanche, les vergers y sont rares, les arbres fruitiers étant vulnérables à certains champignons présents dans le sol. Particulièrement riche en minéraux, celui-ci se décline en nuances brunes plutôt sombres. Lorsqu'elles s'éclaircissent, les paysans s'imaginent que les dieux de la nature réclament leur dû, et laissent alors les terres concernées à l'abandon.
La campagne est émaillée d'une cinquantaine de villages, regroupant l'ensemble des paysans, et de quelques fermes plus isolées. Appartenir à ces dernières est toutefois mal vu, puisqu’elles ont la réputation d’attirer le mauvais œil. Par le passé, certaines ont d’ailleurs été complètement détruites, et leurs habitants chassés, voire exécutés, les villageois leur attribuant l’origine des épidémies.
En dehors de quelques propriétaires terriens plus chanceux que les autres, la vie y est plutôt pauvre, la majorité des ares appartenant aux administrateurs de Rome. Des patrouilles sillonnent régulièrement les lieux, allant de village en village pour faire respecter la loi et régler les conflits. Ils sont également chargés, plusieurs fois par an, de prélever la dîme. Si leur mission tient avant tout à la protection du peuple, certains campagnards n’apprécient guère leur présence.
✦ La vallée noire. Ainsi sont désignées les terres d’abondance autour de la capitale où le sol, saturé de matière organique, est d’un noir de jais. Lieu d’oisiveté pour les têtes fortunées de Rome, il s’agit également d’une destination touristique. Bordés de sentiers, les champs y suivent un tracé bien défini, et on peut même y trouver quelques marchands itinérants. Une attention particulière est portée à l’harmonie des couleurs et aux senteurs exhalées par les plantes. Sensiblement plus aisés que leurs confrères, les paysans qui y travaillent reçoivent d’ailleurs une éducation digne de ce nom à l’école agraire. Afin de parfaire le divertissement, on leur apprend également les bases du théâtre, et ils offrent parfois au public de petits scénettes parodiant ou idéalisant la vie paysanne.
✦ Les écuries d'Antia. À la fois marché et élevage, les écuries constituent le capital vivant de la Basse-Province. Situées à une demi-journée de la vallée noire, elles regroupent tous les bestiaux dont les paysans pourraient avoir besoin pour les assister dans leur dur labeur, ou simplement pour faire commerce de leurs produits. Chevaux, bœufs, chèvres, poules ; de nombreuses espèces y grandissent. En dehors des reproducteurs, qui restent toute leur vie aux écuries, les mâles en âge d’être vendus sont systématiquement castrés. Toutefois, dans sa générosité, l’Empire offre à chaque paysan qui s’installe un cheptel plus ou moins important de bêtes stériles, qu’il lui conviendra de renouveler à ses frais. Elles appartiennent à la famille Antia depuis des décennies.
✦ Le fleuve Sintra. Véritable cœur liquide de la Basse-Province, il la sillonne jusqu’à la mer. Si sa profondeur le permet, il est rare d’y apercevoir barques ou navires, le courant étant impétueux. Si ses crues sont particulièrement craintes pour leur violence, elles restent rares, mais réjouissent les plus jeunes en faisant apparaître ça-et-là de petits étangs qui disparaissent en quelques jours. Y passer un après-midi en barque est un luxe dont les paysans raffolent, et dont ils gardent jalousement le secret. La plupart des villages se regroupent autour du fleuve ou de ses affluents, consommant ses poissons les jours de fête ou de disette. À l'abri des regards, bon nombre de paysans font des offrandes au fleuve, le considérant presque comme un dieu.
✦ Le village Morevor. Comme bien des villages de la Basse-Province, le nom de Morevor n’était connu que de ses voisins, des rares patrouilles s’y aventurant, et des quelques intendants le voyant passer sur le registre lors de la collecte des impôts. Toutefois, un marchand a récemment découvert le village entièrement brûlé. De ses bicoques de bois et de chaux, il ne reste que cendres et poutres calcinées, et nul ne sait ce qu’il est advenu de ses habitants. La rumeur de sa destruction court parmi la Basse-Province, et ce n’est qu’une question de temps avant que les curieux de Rome ne se passionnent pour le sujet.
✦ La Basilique des Mythes. Lieu de pèlerinage pour les dévots, la Basilique est un miracle d’architecture qui célèbre les divinités et leur influence sur le monde. Construit le long d’une épine rocheuse, l’édifice s’enfonce dans ses profondeurs, et arbore une splendide façade de verre ouverte sur la campagne. Il s’agit d’un lieu solennel où sont regroupés sur des parchemins les mythes et les légendes concernant les dieux. Voler ou détruire l’un de ces précieux rouleaux, même par mégarde, est un crime passible de mort. Ainsi, par un habile jeu de lumière que permettent de minuscules ouvertures dans la pierre, les bougies n’y sont pas nécessaires. Une salle, fermée à clef, est dédiée à l’élevage de vers luminescents qui, la nuit, sont enfermés dans des lucarnes, afin d’offrir un minimum de visibilité. Y travailler est un honneur auquel peu de mortels peuvent prétendre, la majorité du personnel étant composé de Vestales.
# Description de la Basse-Province.Dim 6 Oct 2024 - 11:50
Basse-Province
« La ville a une figure, la campagne a une âme. »