Balayée par des vents capricieux, la Grèce repose sur la mer de Nacre. Par ciel dégagé, l'île principale se détache sur l'horizon depuis les hauteurs de Rome. Autour de cet œil de roche et de végétation sèche et épineuse, l'Archipel de Mélios, anneau d'îles éparpillées, la décore comme des perles sur le manteau océanique. Son histoire étant liée à celle de Rome depuis ses origines, leurs cultures se sont entremêlées jusqu'à fusionner et à devenir indissociables, bien que de houleux débats à ce sujet animent les plus chauvins des grecs et des romains.
Le peuple grec est reconnu pour son caractère ambigu, aussi trouble et imprévisible que la mer qui l'encadre, tour à tour gonflée de violentes tempêtes ou aussi lisse qu'une mer d'huile que viennent effleurer les flancs argentés d'abondants bancs de poissons. La sérénité lisse ces visages burinés par le soleil et le vent. La douce arrogance de ceux qui se savent supérieurs et n'ont plus rien à prouver donne des accents alanguis à leur langue, parlée aussi couramment que le romain sur tout l'Empire. Leur nonchalance n'est cependant qu'un fragile voile qui se déchire sitôt que les esprits s'échauffent. Sanguins et fiers, les grecs se sont toujours portés volontaires sur les champs de bataille établis par Rome dans ses conquêtes, par amitié et par loyauté, mais surtout par un désir de gloire vibrant.
Mais si l'armée grecque est connue pour sa rudesse et sa sauvagerie à la guerre, la Grèce se veut raffinée. Une pensée pleine d'esprit est considérée comme aussi remarquable qu'un exploit guerrier. Des mains qui savent faire naître toute la noblesse du lion dans la pierre glacée du marbre sont tout autant acclamées.
À Rome, on dit que c'est la gloire de Rome qui a inspiré les grecs et leur valeurs, poussées dans ses extrêmes. En Grèce, on dit que la gloire de Rome ne serait pas sans le cœur et la volonté de cette patrie alliée pour les soutenir. À la vérité, nul ne peut aujourd'hui se dire purement romain ou grec de souche sans mentir. Les sangs se sont mélangés sur des générations trop anciennes pour que quiconque soit capable de remonter l'arbre des ancêtres, et l'Empire semble avoir sélectionné les meilleurs gènes de ces deux parents pour grandir et croître.
✦ L'Archipel de Mélios. Nommée après le philosophe Mélios, connu pour avoir réformé la pensée des grecs et réorganisé tout leur système de vie en ce qu'il est aujourd'hui, cette chaîne d'îles est d'une importance capitale. Comme à Rome, l'éducation est primordiale pour forger les bâtisseurs de l'avenir. Trois îles sont dédiées à l'entraînement de l'armée, chacune possédant ses difficultés que tout grec se doit d'affronter dès l'âge de huit ans. Chaque enfant, garçon et fille, dépensera six années de sa vie à modeler son corps, à apprendre la rigueur et la discipline, mais aussi des valeurs d'entraide et de courage.
- Auksos est la première de ces îles. Cette longue bande plate de sable, déserte et aride, dénuée totalement d'ombres, est parfois submergée par les colères de la mer de Nacre ; c'est le terrain réservé aux combats à mains nues, à l'apprentissage du maniement des armes, à la course et à la natation.
- Pheroksos est petite en surface, mais dominée par une épingle rocheuse haute de plusieurs dizaines de mètres, dont un flanc est verdi par des arbres aux troncs noueux et aux racines solides. Peuplée par une faune hostile de serpents qui n'aiment guère qu'on trouble leur repos alors qu'ils se réchauffent sur la roche brûlée par le soleil, l'île regarde les grecs se lancer à l'assaut du rocher et en redescendre inlassablement, jusqu'à ce que les muscles durcissent et cessent de trembler. C'est à son sommet qu'un temple austère a été bâti, où sont reçus les honneurs.
- Enfin, Maraksos est l'île la plus accueillante des trois, et aussi la plus grande. C'est la seule à posséder un unique bâtiment, avec une aile réservée à l'hôpital. L'auditorium de pierre au centre du bâtiment y accueille quelques leçons théoriques, bien qu'elles soient tout aussi souvent dispensées directement sur le terrain. Le reste de Maraksos est vallonée, sillonnée de ruisseaux s'écoulant lentement jusqu'à la mer, et sa zone boisée est un excellent terrain pour plusieurs expéditions, simulations de chasses et de guerre en scindant les jeunes en plusieurs groupes, ou en y installant des parcours semés d'embûches nés des esprits parfois trop créatifs des mentors.
Les autres îles sont tout aussi diversifiées, par la taille, mais également par le paysage. Beaucoup sont inhabitables car trop petites ou trop souvent submergées.
- L'une des îles, Ekksos, est l'une des étapes du pèlerinage religieux. Dite sacrée, cette île ne tolère que la présence continue des Vestales vivant dans le temple construit en hauteur. Des gardes, sélectionnés par les Vestales, refoulent à l'entrée les simples voyageurs trop curieux ou suspects, et assurent ainsi la sécurité des Enfants des Dieux. L'accès, surveillé, n'est autorisé qu'aux pèlerins venus soumettre leur requête aux Dieux, ou simplement animés par une fervente piété. En dehors des ermites désirant s'isoler du monde pour réfléchir en paix, le peuple préfère vivre sur l'île principale.
- Si les citoyens ont pour demeure cette dernière, les apprentis architectes ont investi l'île de Rheksos. Bordée par des bruyères séchées par le soleil, et d'une taille relativement modeste, elle sert de lieu d'expérience pour leurs projets. En effet, là où leurs homologues romains se contentent de maquettes, les grecs aiment voir leurs idées prendre forme à échelle réelle. S'y trouve donc un ensemble de bâtiments au style désordonné, aux formes parfois tarabiscotées, souvent inachevés. L'école fournit les matériaux, en quantité limitée et raisonnable, et met à disposition des élèves des employés expérimentés dans la construction, qu'ils doivent payer par leurs propres moyens. Afin de faire de la place et donner un souffle nouveau à l'île, un jour dans l'année est réservé à la destruction des projets abandonnés ou terminés. Les explosions s'entendent alors à travers tout l'archipel. De temps en temps, les étudiants s'y retrouvent pour des fêtes mémorables, loin du regard et de la sagesse des adultes.
- La dernière île célèbre porte le nom de Louksos, et abrite la seule prison du royaume. Accueillant une grande diversité de condamnés, le bâtiment est; malgré sa nature, considéré comme un haut lieu de la culture grecque. On y croise d'anciens professeurs, médecins ou artistes, qui, par leur éducation et leur savoir, contribuent à la renommée des lieux. S'ils doivent collaborer pour s'assurer des conditions de vie décentes _ leur déchéance les prive du soutien des esclaves _, ils produisent de nombreux écrits expédiés à travers toute la Grèce. Les autres œuvres réalisées sont soigneusement conservées, et décorent la prison, formant un ensemble étrange mais splendide. Au sous-sol de celle-ci se trouve même un amphithéâtre, où les prisonniers donnent tour à tour des leçons. En dehors de quelques abus de la part des gardiens, et de bagarres déclenchées par les plus sanguins, la détention y est relativement douce. Il est possible de visiter l'endroit, mais il faut obtenir une autorisation de son directeur. Les proches des condamnés en sont parfois exemptés. Toutefois, on ne peut y accéder par bateau, les récifs alentour étant particulièrement trompeurs ; pour s'y rendre, il faut emprunter un long pont de bois, surveillé par des soldats, depuis l'île voisine.
✦ Les mille terrasses. Bijoux d'architecture, ces terrassent ne doivent pas ce nom à leur nombre, mais aux milles couleurs de leurs mosaïques réfléchissant le soleil comme des miroirs teintés. Plusieurs architectes et artisans ont travaillé de concert sur ces terrasses. De forme octogonale, elles descendent en cascade sur toutes les façades du mont sur lequel la bâtisse royale est juchée. Accessibles au public, elles sont agrémentées de statues de taille modeste. Elles se déclinent en bassins peu profonds où les enfants aiment se rafraîchir, en jardins entretenus et abondamment arrosés pour offrir une végétation fournie de feuilles lourdes et épaisses, offrant une ombre agréable pour les bavardages. Les terrasses sont souvent utilisées pour les célébrations populaires auxquelles le gouverneur de Grèce a pour coutume de se joindre. À usages multiples, les mille terrasses sont avant tout des lieux d'échanges, qu'ils soient simplement des lieux de rendez-vous pour les amoureux, le témoin d'amitiés se nouant et se défaisant, ou le lieu choisi par un professeur pour délivrer son savoir à ses élèves dans un lieu plus bucolique que le cadre sévère des écoles.
✦ L'allée du crayon. Reliant le marché principal au quartier abritant les temples, il s'agit à première vue d'une rue ordinaire, pavée, aux bâtiments de marbre blanc, bien qu'un peu dénuée de commerces. Cependant, à l'heure où les écoles ferment leurs portes, elle bourdonne soudain de vie : étudiants et artistes confirmés viennent y exercer leur talent. Tout un chacun peut y obtenir une pièce, ou servir de modèle, qu'il soit fortuné ou non. Les portraits, les paysages et les dessins de science sont ce qu'on y trouve en majorité. Toutefois, toutes les professions sont représentées. Chevalets, burins, masques et tours de potiers bordent les vitrines. Les amoureux du théâtre pourront même y apercevoir de petites scénettes, auxquelles ils seront souvent invités à participer.
✦ Les colosses de marbre. Les meilleurs sculpteurs se sont succédés pour offrir aux plus grandes figures de l'Histoire l'éternité en figeant leurs traits dans des statues hautes de plusieurs mètres. Ces colosses ornent les façades de l'ancienne bâtisse royale, devenue la demeure du gouverneur de Grèce, mais aussi les grandes places de la cité. Lors des célébrations, les grecs ornent les colosses de guirlandes de fleurs et ont pour habitude le soir venu de se remémorer leurs hauts faits, assis à leurs pieds afin qu'ils soient témoins des légendes nées de leurs actes.
# Description de la GrèceSam 12 Oct 2024 - 13:19
La Grèce
« Face à l'excellence, la mort elle-même détourna son regard. »